Synopsis :  pouvoir anticiper les variations de la demande et les interruptions de la chaîne d’approvisionnement avant qu’elles ne surviennent est le rêve de tout responsable logistique. Voici quelques étapes pour aider les manufacturiers à y parvenir.

Les chaînes de production et d’approvisionnement mondiales subissent les effets des mesures de confinement à plus d’un titre. La pandémie affecte à la fois l’offre et la demande, ce qui a un effet considérable sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement mondiale.

Au niveau de l’offre

D’un côté, la demande a explosé pour les industries alimentaires et la santé. En conséquence, les entreprises manufacturières de ces secteurs ont rencontré de grandes difficultés pour s’approvisionner, scrutant partout où elles le pouvaient pour trouver des composants et des matières premières.

La situation est aggravée par les contraintes réglementaires de ces industries. En raison de celles-ci et des exigences de conformité, les manufacturiers ne peuvent pas simplement « trouver un autre fournisseur », puisque leur processus de production est limité à des fournisseurs spécifiques approuvés qui sont définis dans leur cahiers des charges.

Malheureusement, leur champ d’action est limité pour faire face à ces chocs systémiques extrêmes.

Au niveau de la demande

Les effets de la pandémie COVID-19 sont multidimensionnels, et n’affectent pas uniquement l’offre, mais aussi sévèrement la demande dans certains secteurs. Par exemple, l’industrie automobile a connu le scénario inverse, avec une demande qui a chuté. Avec une production automobile quasiment paralysée en Europe comme aux Etats-Unis, l’approvisionnement n’était plus un problème.

Par contre, plus en aval dans la chaîne d’approvisionnement, les sous-traitants de rangs 1 et 2 ont connu une forte baisse de la demande. Certains d’entre eux ont dû fermer, pas nécessairement en raison d’une quarantaine ou de restrictions gouvernementales, mais simplement parce qu’ils n’avaient plus personne à qui vendre.

Mesures immédiates prises par les manufacturiers à la suite de la pandémie

De nombreuses entreprises manufacturières se sont retrouvées face à une incertitude totale concernant la chaîne d’approvisionnement sans pouvoir planifier à l’avance ou prendre en compte différents paramètres sur lesquels elles s’appuyaient par le passé.

Elles ont réagi à ce choc systémique de plusieurs manières. En voici quelques exemples.

En se concentrant sur les approvisionnements et la logistique

Pour les entreprises réglementées devant répondre à une forte demande, l’offre a posé d’importants problèmes, principalement en raison de leur difficulté à changer de fournisseur. La seule chose qu’elles pouvaient faire était d’améliorer la communication, en mettant en place des moyens plus systématiques et plus efficaces pour communiquer et travailler avec les fournisseurs existants. À l’avenir, la réponse à long terme doit consister à examiner de plus près la liste des matières premières et définir les articles qui nécessitent un approvisionnement supplémentaire.

Les manufacturiers des secteurs réglementés se sont concentrés sur ce qu’ils pouvaient : la logistique. Ils se sont assurés que toutes les fournitures étaient produites, expédiées et entreposées de la manière la plus efficace possible. Ainsi, au lieu d’envoyer une commande par mois à leurs fournisseurs ou d’avoir une conversation une fois par semaine, ils ont échangé quotidiennement, plusieurs fois par jour, afin de sécuriser leur approvisionnement au maximum. Ils ont également concentré leurs efforts sur le fait de savoir à quel endroit se trouvaient ces fournitures à tout moment.

Pour les industries non réglementées confrontées à une forte demande, les efforts se sont concentrés sur l’approvisionnement. Ces entreprises moins réglementées se sont efforcées de trouver de nombreux nouveaux fournisseurs locaux.

En augmentant les niveaux de stocks

Pendant des années, la tendance a été à la diminution des stocks. Mais aujourd’hui, nous constatons un renversement de situation dans tous les domaines. La plupart des entreprises manufacturières passent maintenant d’un standard d’un mois de stockage à deux ou trois mois.

L’idée est que, quoi qu’il arrive, un manufacturier pourra trouver une solution aux problèmes d’approvisionnement dans un délai de sécurité de trois mois. Toutefois, cette stratégie n’est pas viable à long terme, car son coût est prohibitif et affecte négativement la compétitivité d’une entreprise manufacturière.

L’augmentation des stocks n’a de sens qu’en tant que mesure à court terme pour faire face aux risques immédiats – à long terme, nous devons trouver une meilleure solution.

Des enseignements à tirer

Elargir l’horizon de votre chaîne d’approvisionnement au-delà des fournisseurs de rang 1

Avant l’épisode COVID-19, la plupart des manufacturiers ne savaient pas vraiment qui étaient “les fournisseurs de leurs fournisseurs”, et cela n’était pas vraiment important pour eux. Mais aujourd’hui, ils doivent élargir l’horizon de leur chaîne d’approvisionnement s’ils veulent assurer une production à long terme.

Soit dit en passant, l’opacité de la chaîne d’approvisionnement ne touche pas seulement les entreprises manufacturières des secteurs réglementés. De nombreux manufacturiers, surtout de taille moyenne, n’ont souvent pas mis en place de solide processus d’approvisionnement. La majorité des matières premières proviennent souvent d’une seule source, même dans les secteurs non réglementés.

Besoin de meilleurs systèmes d’analyse et de suivi

95 % des entreprises manufacturières n’ont pas de visibilité au-delà de leurs fournisseurs de rang 1. Même les grandes entreprises ne se renseignent sur leurs fournisseurs de rang 2 qu’une fois par an, en envoyant un questionnaire de faible importance. La visibilité dans les chaînes d’approvisionnement doit s’améliorer de manière significative à mesure que nous nous adaptons à la nouvelle réalité.

Aujourd’hui, la visibilité des chaînes d’approvisionnement au-delà des fournisseurs de rang 1 est une nécessité. Cependant, il n’existe pas de système capable de visualiser la chaîne d’approvisionnement au-delà du rang 1.

Gérer les chaînes d’approvisionnement post-COVID

Vous connecter à tous les fournisseurs de votre chaîne

Actuellement, si un manufacturier veut gagner en visibilité sur sa chaîne d’approvisionnement, il doit embaucher une équipe dédiée chargée d’appeler et de vérifier en permanence l’état des commandes. Savoir à quel endroit du monde se trouve chaque pièce est un défi. Personne n’a de réelle visibilité sur sa chaîne d’approvisionnement, et la plupart des entreprises manufacturières n’en ont aucune.

Comme vous le savez, un des problèmes est la complexité : nous avons le fournisseur, le transitaire, les compagnies maritimes, les douanes et les systèmes ERP. Les choses se compliquent encore plus lorsque nous allons au-delà des fournisseurs pour aller vers des partenaires logistiques.

Aujourd’hui, la disponibilité des données en temps réel est principalement obtenue lorsqu’on crée une cellule de crise. Pendant la première phase de la pandémie, de nombreux manufacturiers ont essayé d’avoir cette visibilité en temps réel de leurs réseaux d’approvisionnement en s’appuyant sur une technologie du XIXe siècle – un téléphone et un morceau de papier.

Pour suivre efficacement notre chaîne d’approvisionnement, nous devons créer un tableau de bord qui relie visuellement les réseaux de la chaîne d’approvisionnement. Ainsi, si un système peut détecter un retard à n’importe quel nœud du réseau, il émet une alerte.

Il est assez peu utile de constater que les fournisseurs ne sont pas là où on les attend au moment où ils sont en retard. Il est préférable d’être alerté du moindre problème un mois ou deux à l’avance, si possible.

Mais pour cela, nous avons besoin de données en temps réel. Pour faire face aux conséquences de la crise actuelle, la première chose à faire est de connecter l’ensemble de votre réseau d’approvisionnement à un système centralisé.

Une visibilité en temps-réel pour toutes les commandes

Bien qu’ils aient des centaines, voire des milliers de références provenant de nombreux fournisseurs et des milliers de commandes à un moment donné, la plupart des entreprises manufacturières n’ont de visibilité sur le processus d’achat que lorsqu’elles reçoivent un document ou les marchandises elles-mêmes.

Ce n’est pas suffisant en temps de crise. Et les entreprises le réalisent parce qu’elles ont besoin de savoir à tout moment quels sont les risques associés aux retards de livraison. Les responsables des chaînes d’approvisionnement veulent savoir si la commande arrivera à temps ou non, sans devoir le deviner ni avoir la surprise.

Plutôt qu’une armée d’opérateurs téléphoniques qui appelleraient sans cesse les fournisseurs, nous avons besoin d’avoir accès aux données.

Besoin de meilleurs systèmes d’analyse et de suivi

Pouvoir anticiper les changements de la demande et les ruptures de la chaîne d’approvisionnement avant qu’ils ne surviennent est le rêve de tout responsable logistique. Mais dans la réalité, ce rêve n’est pas hors de portée. Nous disposons de suffisamment de données pour faire des prévisions raisonnables. L’astuce consiste à rassembler toutes ces données dans un système centralisé et à fournir aux responsables de la chaîne d’approvisionnement des informations qui leur permettront de prendre des mesures.

Maintenant que nous avons fait face au choc initial avec cette pandémie COVID-19, nous devons mieux nous préparer en améliorant la visibilité sur ces chaînes d’approvisionnement et en reliant toutes les données dans un système centralisé